L’alcool est un facteur de risque associé au développement de l’arthrite (rhumatisme) psoriasique (AP). Heureusement, il s’agit d’un facteur lié au mode de vie qui peut être changé. L’alcool peut affecter le système immunitaire de plusieurs façons. Lorsqu’une personne boit régulièrement de l’alcool, on pense que son système immunitaire est « en mode plus accéléré », ou ce que nous appelons « en mode pro-inflammatoire ».1 Cependant, ce mode « accéléré » n’améliore pas le système immunitaire et ne le rend pas fort; en fait, il peut rendre les personnes plus sensibles aux infections.
L’alcool peut également stimuler de manière inappropriée les cellules immunitaires connues sous le nom de lymphocytes B et T, entraînant la production d’anticorps qui agissent contre les propres cellules d’une personne.2 Ces anticorps peuvent commencer à attaquer les tissus de l’organisme, entraînant une inflammation et des lésions aux tissus. L’alcool augmente également les niveaux d’une enzyme qui fabrique le facteur de nécrose tumorale (TNF), une molécule très pro-inflammatoire qui joue un rôle important dans le psoriasis et l’AP.3 Les cellules de la peau appelées kératinocytes sont également stimulées pour croître beaucoup plus rapidement en présence d’alcool; cette croissance excessive des kératinocytes est l’un des nombreux mécanismes de développement du psoriasis, et éventuellement de l’AP. Enfin, étant donné que l’alcool contient beaucoup de calories, une consommation régulière d’alcool peut contribuer à l’augmentation du poids ou à un syndrome métabolique, deux facteurs qui peuvent aggraver le psoriasis et l’AP.
La consommation d’alcool est un facteur de risque bien connu pour le développement du psoriasis.4 Cependant dans le cas de l’AP, les recherches se poursuivent. Les résultats d’une étude de 2020 ont montré que les personnes atteintes de psoriasis qui boivent de manière modérée (ce que cette étude décrit comme 0,1 à 3 unités d’alcool* par jour ou 3 bières/jour maximum) présentaient un risque accru de développer de l’AP comparativement à celles qui ne boivent pas.5Une autre étude de 2015 s’est intéressée à l’AP chez les femmes et les résultats obtenus ont montré que la consommation excessive d’alcool (>30 grammes d’alcool* par jour ou environ 2 bières ou plus par jour) peut déclencher l’AP comparativement à aucune consommation d’alcool.6 La même étude a montré qu’une consommation modérée d’alcool (que cette étude décrit comme étant de 0,1 à 14,9 grammes par jour, soit environ 1 bière par jour) présentait le risque le plus faible de déclencher l’AP.
Même si vous ne buvez pas modérément ou plus souvent que cela, la consommation d’alcool peut augmenter vos risques de développer un psoriasis ou de l’AP. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier davantage l’association entre l’alcool et l’AP. Bien que l’on ne sache pas exactement quelle dose d’alcool augmente le risque de développer un psoriasis, les personnes atteintes de psoriasis qui consomment de l’alcool peuvent tirer profit d’une réduction de leur consommation d’alcool.
Les médicaments qui peuvent être utilisés pour traiter le psoriasis ou l’AP affectent également le foie; par conséquent ces médicaments peuvent être contre-indiqués chez les personnes qui consomment beaucoup d’alcool. Réduire votre consommation d’alcool peut réduire l’inflammation, réduire les lésions hépatiques et permettre l’utilisation de plus de médicaments pour contrôler la maladie.
* une unité d’alcool = ~14 grammes d’alcool = une bière de 12 oz (355 ml) = un verre de vin de 5 oz (145 ml) = un shot de spiritueux de 1,5 oz (30 ml) 7
Rédigé par: Elena Pastukhova, H.BSc, Faculté de médecine, Université d’Ottawa, Ottawa, ON, Canada
Révisé par: Dr Anastasiya Muntyanu, MD, Résidente en dermatologie, Département de dermatologie, Université de Toronto, Toronto, ON, Canada
Révision médicale par Dr. Vinrod Chadran, decembre 2022